Journal 6 – Jardiner sa joie

C’est une aventure belle et exigeante.

Je ne ferai pleurer personne, mais je le dis quand même: ce ne sont pas des vacances au sens auquel on l’entend habituellement.

Pas reposantes.

No sir, non madame.

Cette aventure, elle me donne autant qu’elle me demande. Elle exige beaucoup d’amour: l’amour que ça prend pour grandir et faire grandir.

J’ai la chance d’être faite d’une terre heureuse. Et dans l’effort, je jardine ma joie. Je la travaille comme on travaille son parterre au printemps. Je l’envisage comme le jardinier conçoit une nouvelle pousse: à l’effort que ça prendra pour la faire fleurir.

D’une piste asphaltée sur le bord d’un lac naissent de petits bouquets éclatants. Des dénivelés plus importants, des plantes plus robustes, arrosées au jus de mollets. Et sur le cumul des belles fins de journée en famille se taillent des parterres entiers de vivaces invincibles.

Comme les jardins, ma joie se construit dans la patience, la persévérance. Elle n’a pas la spontanéité de la visite imprévue d’un vieil ami, ni l’immensité de la rencontre avec un enfant.

Elle s’apprivoise, n’est pas fille facile.

Il y a les moments où le doute s’incruste jusque dans les racines, et parfois davantage que le doute, des idées orageuses qui me laissent croire que j’ai planté la mauvaise graine. Que rien ne poussera. S’impose alors un repos, une jachère en quelque sorte. Et je vous le dis (et je l’écris aussi, pour m’en rappeler), ma joie finit toujours par revenir, triomphante comme une herbe que l’ont dit mauvaise. Mais qui gagne toujours à la fin…

Dans l’effort et le labeur, ma joie est le résultat de ce que j’y mets de coeur. De la confiance que je porte en elle. Et en ressort quelque chose de très satisfaisant: la fierté d’avoir fait pousser sa propre joie sur une terre qui ne semblait pas si fertile.

Vous espérant au mieux,

Stéphanie x